Un bon freerideur se doit de lire le Bulletin d’Estimation du Risque d’Avalanche (BERA) avant chaque sortie. Celui-ci permet de savoir, par massif, à quel genre de risques le freerideur peut s’attendre lorsqu’il décide de partir en hors-piste ou en rando. Le BERA est donc très important pour WePowder. Et c’est Florent Labit, le nivologue de Briançon, qui a bien voulu nous offrir un peu de son temps.
Un BERA ne se fait pas au pif, c’est compliqué. Il nous faut donc de nombreuses informations.
Il nous faut connaître:
1. Pour le jour actuel mais aussi pour les jours passés et les jours futurs:
2. Pour le jour actuel et les jours passés:
Nous possédons un réseau d’observateurs, ceux sont eux nos yeux sur le terrain, car nous ne sommes malheureusement pas assez nombreux pour y aller nous-même. Mais, nous leurs rendons visite.
C’est une grande sonde que l’on enfonce dans la neige. Un poids d’un kilo se trouve en haut de la sonde. On lâche ce poids successivement et cela nous permet de savoir la quantité de neige mobilisable et de connaître la résistance de la neige. Après ce sondage/battage on effectue ensuite une découpe du manteau neigeux afin d'avoir une idée des différentes couches, de la masse volumique, de la densité et du type de grain. On prend également la température tous les 10 cm environ.
Le sondage/battage se fait toujours au même endroit, ici, dans les Hautes-Alpes, il s’effectue aux environs des 2200/2500 m. Toujours sur une pente faible (afin de ne pas mettre en danger les observateurs) et sans passage de skieurs. Les pisteurs les effectuent une fois par semaine.
Les observateurs n’ayant pas tous accès à un ordinateur, tout se passe par téléphone. L’inconvénient du téléphone, c’est que cela nous prend beaucoup de temps, mais, à côté de cela, il nous permet également de discuter directement de leurs observations, ce qui serait moins évident par informatique. Chaque observateur nous téléphone quotidiennement, voir bi-quotidiennement.
Nous avons un système de codes que nous inscrivons à la main sur un tableau. Ensuite, nous rentrons toutes les données sur ordinateur et élaborons des schémas des différents manteaux neigeux. Ainsi, les informations sont encore plus claires et nous pouvons les comparer sur les différentes semaines.
Il est bien évidemment plus difficile d’établir les BERA lorsque les stations et les refuges sont encore fermés, mais nous utilisons nos modèles numériques ainsi que les sites communautaires avec notamment les photos et les webcams. En gros, nous faisons la même chose que des freeriders à la recherche de poudre. Il faut savoir que les BERA de début et de fin de saison deviennent de plus en plus importants. Il y a quelques années de cela les randonnées ne s'effectuaient presque exclusivement qu'au printemps. Ce n'est plus le cas maintenant, dorénavant, les gens skient de partout et quasiment toute l’année.
Non, en fait les modèles numériques sont la base, et ensuite, il y a l’expertise humaine. Nous comparons les modèles numériques aux dires de nos observateurs sur place. Nous faisons bien évidemment, attention à la période à laquelle on se trouve. Par exemple, les risques vont être différents en novembre qu’en mars. C’est avec la totalité de ces informations là que l’on décrit le risque d’avalanche et que nous établissons le BERA. Celui-ci précise: Dans quelle pente faut-il être le plus attentif, quel type d’avalanche est le plus probable et quelle surcharge le manteau neigeux est-il capable de supporter.
Nous avons bien sûr des critères pour chaque risque et nous avons une matrice avec les risques d’avalanches provoquées et d’avalanches spontanées. En plus de toutes les informations que nous avons récoltées, cette matrice nous aide dans nos choix.
Non, je dirais même qu’en général, nous allons plutôt choisir le risque le moins fort des deux parce que si nous mettons un risque trop fort les freeriders vont finir par banaliser le risque. Malheureusement, encore de nombreux freeriders ne se fient qu’au chiffre et ne lisent pas entièrement le BERA.
Ce n’est pas nous qui amenons les skieurs sur telle ou telle pente et l’on ne devrait pas culpabiliser, mais je me pose des questions, ai-je été assez clair dans mes écrits? N’ai-je pas sous-estimé le risque?
Les massifs sont très étendus et les réseaux d’observateurs ne sont pas homogènes. Je pense qu’il faudrait plus d'observateurs afin d’être encore plus précis. Mais également que les nivologues soient plus nombreux afin de faire un meilleur travail et de pouvoir se déplacer sur le terrain. Aussi, chaque semaine des bulletins de synthèse sont réalisés, je pense qu’ils mériteraient d’être améliorés et d’être ajoutés au BERA. Enfin, dans le BERA, la rosace des expositions est mal comprise, les parties moins foncées peuvent-être également très dangereuses, elle est donc peut-être aussi à améliorer.
Tout d’abord, les médias passent malheureusement souvent de mauvaises informations. Ensuite, les risques ont beaucoup de nuances. Pour commencer, le risque le plus élevé, le risque 5, n’englobe que les départs d’avalanches spontanées. Cela signifie que l’échelle réelle pour les freeriders n’est plus que de 4 niveaux. En dehors du risque 5, il est tout à fait possible de skier par tous les risques, seulement, il faut que se soit fait de manière raisonnée.
Non, le BERA n’est pas suffisant, c’est uniquement une estimation du risque. Pour préparer une sortie il faut bien évidemment le lire mais également se renseigner auprès des pisteurs, du PGHM et des refuges. Ensuite, il faut sortir avec son cerveau, le visuel est un apport considérable: repérer les transports de neige, lire le terrain, observer les coulées, faire le test du bâton… Si vous n’en êtes pas capable, aidez-vous de formations comme celles proposées par l’ANENA afin de limiter au maximum le risque, ou bien accompagnez-vous d’un guide de haute montagne. Lors de votre sortie, vérifiez si les prévisions émises dans le BERA sont exactes sur le terrain. Exemple: si le BERA avait annoncé 20 cm et que sur place il y en a 30, le risque va forcément être plus élevé.
Oui, ce devrait être le cas mais au final beaucoup se fient simplement au BERA du jour. Si la station met un risque 2 alors que le BERA annonce un risque 4 et qu’un accident a lieu, il y a une grosse part de responsabilité et les stations ne souhaitent pas prendre un tel risque. C’est bien dommage parce qu’avec de nombreuses pentes sur-tracées en station, le risque devrait être moins élevé et la banalisation du risque se ferait certainement beaucoup moins.
Chez MétéoFrance-même, pas grand chose, en réalité la communication est faite par l’Anena, les secours en montagne (PGHM) ou encore les réseaux sociaux.
Premièrement, qu’il ne faut jamais oublier que la montagne est un milieu à risque et qu’avoir un regard objectif évite d’augmenter le risque.
Ensuite:
Tout cela sans oublier les conseils de base: